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Exposition "D’aussi loin que je me souvienne" 
Basilique Saint-Martin, Aime-La-Plagne
Du 29 juin au 22 septembre 2024

Campagne Première et l’Office du Tourisme la Plagne Vallée officialisent une collaboration dans le cadre d’une programmation “hors les murs”. Après la campagne, c’est finalement au coeur des vallées et des montagnes que l’art contemporain poursuivra son dialogue autour du patrimoine savoyard sur les communes d'Aime-la-Plage et de La Plagne Tarentaise.
Cette collaboration fait écho à la volonté de Campagne Première de tracer de nouvelles dynamiques sur d'autres territoires.

L'exposition collective "D'aussi loin que je me souvienne".

Avec les artistes : Nicolas Barreau et Jules Charbonnet, Nicolas Boulard, Delphine Gigoux-Martin, Elise Grenois, Laurent Lacotte, Marc Lathuillière, Thibault Lucas, Jean-Marc Forax, Manuela Marques, Nicolas Momein, Sylvie Sauvageon.
Direction artistique : Fanny Robin.

« Les objets paraissent porter les stigmates des êtres qui.

les ont usés durant leur vie. (…)

tous sont les témoins de ton.

passage. » Hortense Raynal

 

 

Lorsque Marcel Jullian affirme en 1979 que « Les paysans font toujours les bons gestes », il ne se doute pas que 45 ans plus tard, ses mots seraient plus que jamais au cœur des problématiques agricoles actuelles, dans un monde rural qui continue d’être frappé par toujours plus de disparités. Pourtant, il ne s’y était pas trompé : les gestes sont et demeurent la mémoire vive de ces hommes et de ces femmes qui ont marqué de leurs empreintes notre culture, nos territoires et les paysages de campagne et de montagne qu’ils ont eux-mêmes façonnés. Ancrés dans la terre et leurs racines, ils nous ont légué des objets issus de techniques et savoir-faire particuliers, mais aussi des histoires, répétées et transmises de générations en générations, dans le respect de certaines traditions agro- pastorales.

 

Toutefois, ces mémoires de gestes, aussi précieuses qu’éphémères, s’éteignent avec eux pour disparaitre irrémédiablement dès lors qu’elles cessent d’être activées ou même évoquées. Pour autant, cet héritage du passé éveille en chacun de nous des sensations oubliées qui resurgissent parfois comme des réflexes. La vision de ces doigts travaillant la terre : bêchant, creusant et ensemençant une à une les graines. Ces mêmes mains dévoilant en creux de petits sillons comme des prairies fraichement labourées. La découpe minutieuse du bois dans l’atelier et les nuages de poussières qui s’en dégagent. Il y a aussi les gestes comme des caresses, sur le pain chaud et odorant soigneusement enveloppé dans un vieux torchon rapiécé, ou ceux, tranchants et fermes, sur les patates encore terreuses épluchées au couteau. Enfin, ces gestes d’affection toujours accompagnés de pudeur,

destinés aux animaux autant qu’à certains membres de la communauté. D’aussi loin que l’on se souvienne.

 

Mais alors, que reste-t-il aujourd’hui de ces images, récits et savoirs manuels hérités dans un monde mécanisé, standardisé, où l’on semble condamner à produire toujours plus et plus vite au risque de consumer nos ressources plutôt que de les préserver ?

Conscients des enjeux politiques, sociaux et environnementaux aux prises sur ces territoires, les douze artistes de l’exposition s’emploient à valoriser notre patrimoine immatériel en prolongeant ces traces de vécus pour les incarner dans de nouveaux répertoires de formes et d’usages. Ils créent alors de singuliers points de rencontres où les gestes cohabitent, s’assemblent, se renouvellent ou passent la main pour mettre en mouvement toute une matière qui se respire à nouveau. Leur travail permet de

s’interroger, à notre tour, sur les bénéfices d’un retour au local afin de (re)penser l’avenir dans des systèmes de production plus respectueux et durables. Un retour à la terre pour y entrevoir, en définitive, de nouveaux horizons.

 

Fanny Robin,

commissaire de l’exposition

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