Exposition "Feu semblant" de Barreau et Charbonnet
Ferme de la Forêt, Courtes.
Du 29 juin au 22 septembre 2024.
Commissariat : Fanny Robin
Des colombages, une ballustrade à croisillon et une remarquable cheminée sarrasine, la ferme de la Forêt expose sa singularité au premier coup d’oeil. Située à Courtes, dans l’Ain, la Ferme de la forêt est une véritable ferme bressane, bâtie au XVIème siècle avec tout le savoir-faire et les traditions de son époque. L’ensemble de la ferme est classé au titre des monuments historiques.
Designers constructeurs associés depuis 2011, Nicolas Barreau et Jules Charbonnet vivent et travaillent à Nantes. À partir du contexte du lieu, ils élaborent un registre ouvert de références historiques, artistiques, culturelles et fonctionnelles. Ils réinterprètent des images en les associant, en les exagérant, en les dépouillant et s’inventent un cheminement intuitif qui formule des décalages hasardeux, spontanés, impertinents. Ces dérives se traduisent plastiquement par la réalisation de formes hors norme, de façonnages de matériaux, de contrastes entre espaces intérieurs et extérieurs. Attachés à l’importance de l’activation de leurs projets par le public, leurs constructions se révèlent des sculptures d’usage qui offrent des lectures contemplatives et appropriations intimes avec le territoire.
En lien avec la thématique de Campagne Première 2024, qui met à l’honneur les savoir-faire ruraux, leurs transmissions ainsi que les gestes manuels notamment ceux issus du travail agricole, comme mémoire et sources d’inspiration, le duo d'artistes propose la création d'une œuvre inédite, "Feu semblant", qui réinterprète l'idée du foyer et de la construction traditionnelle de la cheminée sarrasine.
Cette œuvre totémique joue avec les codes, symboles et matériaux (terre, bois) de ce patrimoine bressan singulier. Installée dans la grange de la Ferme de la forêt, l’œuvre monumentale ne manque pas d’éveiller la curiosité des visiteurs. En effet, les cheminées sarrasines attirent notre regard car elles semblent être des traces de guerriers fanatiques ou autres tentatives joyeuses de maçons artistes. D'en bas, les mitres paraissent lointaines et inaccessibles. Modèles réduits d'ouvrages sacrés et symboliques, elles simulent des clochers d'abbaye, des tours de château, dressés derrière les bâtiments, au loin sur l'horizon. Mais quand on y accède, par le toit, les cheminées se révèlent être de vrais ouvrages complexes, lourds et imposants...
Quant à la colonne centrale, elle reprend dans sa composition formelle les codes architecturaux des cheminées industrielles : grilles de ventilation, ceintures métalliques, socle, fût en tronc conique et couronnement. Elle présente des caractéristiques analogues aux cheminées sarrasines et les grandes hottes pyramidales suspendues typiques des maisons bressanes, sur le plan de la thermodynamique et notamment sur les phénomènes d'échanges d'air. Simulacre de l’authentique cheminée sarrasine, la colonne tente de se fondre dans ce décor traditionnel, fait de terre et de bois mais avec les techniques et matériaux de notre époque : murs à ossature bois et briques à maçonner.
Remerciements particuliers aux équipes de la Direction des Affaires Culturelles et de la Direction du Tourisme de Grand Bourg Agglomération